Azienda Agricola COS, Ramì, Sicilia 2011, Code SAQ 12024237, 27,25$
Cépages: inzolia (50%), grecanico (50%)
Même si elle en produit de très bonnes et de toutes sortes, ce n’est pas des oranges de Sicile dont je vais vous parler, mais d’un vin orange.
Tous n’ont pas déjà entendu parler et encore moins goûté ces vins qui suscitent un certain engouement chez les amateurs de vins natures et déjantés.
Son invitante coloration est due à une technique de vinification bien simple mais qui défie les idées reçues en matière de vinification des cépages blancs. C’est à dire qu’il est le fruit d’une assez longue macération pelliculaire. En clair, on laisse la peau des raisins, qui normalement donneraient un vin blanc, dans le jus pendant un certain temps lors de l’élevage. Comme pour les vins rouges.
Car si la plupart des vins blancs sont presque incolores, c’est qu’on presse le raisin, et le jus n’entrera plus jamais en contact avec la peau de ceux-ci. Pour le rouge, on laisse la peau, et c’est elle qui est responsable de la couleur et de la présence des tanins. Même pour les raisins les plus noirs, sortez la peau du jus, et celui-ci sera blanc et sans tanin. Comme c’est le cas de plusieurs champagnes «blanc de noir», une expression voulant dire qu’on a fait un vin blanc avec du raisin noir, du pinot noir dans le cas de la Champagne.
Bref, laissez la peau des raisins blancs dans le jus, et celui-ci se colorera, et pourra même s’avérer un brin tannique. Ce qui est assez déroutant.
La plupart de ces vins qui parviennent chez nous, généralement en importation privée, arrivent d’Italie, du Frioul surtout, où Josko Gravner est un véritable pilier en la matière.
Mais depuis quelques jours, il y en a un en SAQ, qui vient de Sicile.
Le nom du domaine, COS, a été formé de la première lettre des noms de ses fondateurs Giambattista Cilia, Giusto Occhipinti et Cirino Strano. Le dernier s’est retiré en cours de route. Le second est l’oncle et mentor de l’enfant prodige de la viticulture sicilienne Arianna Occhipinti.
Deux cuvées rouges de la maison sont déjà présentes en SAQ depuis quelques temps. Quant à cette cuvée orange, nommée Ramì, elle est de l’arrivage «en première» de ce jeudi 22 octobre. Vous n’en trouverez donc aucune trace sur le site Web de la SAQ avant cela. Mais fiez-vous sur moi, c’est déjà en vente depuis la semaine dernière dans plusieurs succursales. Alors foncez dès maintenant!
La couleur est comme annoncée entre le doré intense et le orange, une couleur rappelant le marc de bourgogne. Au nez, ça sent la marmelade, l’abricot sec, le cognac et même certains fruits rouges.
C’est en bouche que c’est le plus étonnant. On y décèle des saveurs de noix, de croute de crème brûlée, d’écorce d’orange confite. Malgré tout, aucune sensation de sucre, c’est tendu et d’une minéralité intense. C’est frais et bien appuyé par une pointe d’acidité. Mais plus le liquide se tempère, car il ne faut pas le boire trop froid, plus les parfums, saveurs et la structure pourraient, si dégusté à l’aveugle, dans un verre opaque, bluffer certains amateurs qui ne sauraient dire s’ils ont dans le verre un blanc ou un rouge. Car apparaissent alors des arômes de fruits rouges acidulés, de cerise, d’épices, et des tanins soyeux. Ça rappelle certains rouges délicats comme de jeunes mencia de Galice qui n’ont pas vu de barrique ou des poulsard (ou ploussard) du Jura.
Difficile de suggérer un accord mets et vin avec cet orange, car on en boit si peu. Je l’ai dégusté avec un sauté de porc à la courge poivrée à la chair de la même couleur que le vin. C’était fameux. Sinon, je tenterai le coup avec des viandes délicates, porc, veau, accompagnées de noix et de champignons relevés.